De l'art de ne pas se décourager trop vite
- maxime krummenacker
- 16 mars 2015
- 5 min de lecture
Ceux qui suivent fiévreusement Who the fuck is Molière? depuis sa parution auront certainement remarqué le proverbe chinois quasi incrusté dans la colonne de droite, faute d’avoir trouvé mieux et plus à propos pour le moment, comme une épitaphe existentielle posée au-dessus du gouffre dans lequel je me suis abîmé et qui rappelle que : « quand on a dix pas à faire, neuf ne font que la moitié. » Putain t’as bien fait de le dire du con (oups je m’égare). Si j’eusse préféré que cette assertion fut fallacieuse, je ne suis toutefois pas mécontent d’avoir mis le doigt dessus tant il est vrai que le découragement peut s’avérer être, bien à tort, un partenaire de choix dans les moments difficiles.
J’ai terminé mon cours de suédois la semaine dernière youpi ! Notons au passage que la Suède offre le très grand avantage de permettre aux nouveaux arrivants d’apprendre le suédois gratuitement, à la condition préalable bien entendu d’avoir un « personnummer », sésame valable pour tout et tout le monde sans quoi on n’est rien, ce qui limite tout de même drastiquement le nombre de prétendants à l’instruction au parler vernaculaire, ainsi soit-il. Cela-dit, le fait d’avoir terminé ce cours de suédois ne fait pas de moi une personne capable d'en comprendre toutes les subtilités, ni même les plus grossières niaiseries, loin de là. J’en fais une nouvelle fois l’expérience en ce moment à la lecture livre plutôt contemporain en suédois, et réalise à quel point ma compréhension est trisomico-unijambiste. Pas une phrase sans un mot indéchiffrable, pas une ligne sans un cratère dans le sens, pas moyen de se dire qu’un jour j’y arriverai. Deux ans d’efforts pour ça ! C’est profondément décourageant et pour le moins frustrant. Mais pas de panique, parce que sur dix pas, neuf font la moitié !
Une copine de Pizzete nous racontait l’autre jour qu’elle avait suivi un cours sur la motivation, dont le contenu pouvait se résumer en une courbe sur laquelle se positionner en fonction de l’étape dans laquelle on se trouve dans le processus d’apprentissage. Cela ressemblait plus ou moins à ça :
Courbe de la motivation

© http://www.penser-et-agir.fr
L’auteur de cette courbe rappelle à juste titre que les durées sont relatives, ce qui est tout aussi bon à savoir que sur dix pas, neuf font la putain de moitié. Et pourquoi la personne qui s’occupe de mon salaire ne compte pas de la même manière, sur dix couronnes (suédoises), neuf font la moitié. Ben vas-y te gêne pas et envoie la monnaie ma poule.
Comme le disait si bien Ox. : « les vrais fous ne se font pas interner, ils rêvent les yeux ouverts et les points fermés. » Pourquoi en effet se donner tant de peine si on n’a pas un grain quelque part ? Je me souviens aussi de ce qu’un homme sage m’a dit un jour, à contre-pied de ce qu’on entend en général : « la vie est longue ». Comprenez que si tout allait trop vite et bien, où serait l’intérêt et comment nous occuperions-nous une fois que tout serait accompli ? Il n’est donc pas question d’abandonner aujourd’hui après tant d’efforts et quelques sporadiques doses de maso-satisfaction. Je ne fais peut-être là que réaliser ce que tout humain de passage sur cette terre a vécu avant moi, à savoir que tout prend du temps, qu’on ne peut pas prétendre tout obtenir tout de suite, qu’une grande partie des gens prennent le train de la SNCF, quand d’autres plus nombreux encore font le chemin à pied, sans chaussures. Non il n’est décidément pas ici question de lâcher l’affaire, jamais.

© www.juliasfitnessblog.com
Pour conclure ce billet, je souhaiterais partager le discours que j’ai rédigé la semaine dernière comme ultime examen pour parachever mon cours de suédois. Certains y verront peut-être la marque d’une arrogance crasse, le discours étant en suédois et humblement adressé à moi-même, mais je pense que cela représente avant tout un acte symbolique destiné à clore ce chapitre en beauté et de s’entendre dire, une fois n’est pas coutume, que c’est malgré tout un bel aboutissement.
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Till dig som har klarat Svenska som Andra Språk
"Jag vill gratulera dig genom detta tal för att du har nu klarat din svenska kurs. Det är dags att hålla ett ”genus demonstrativum” tal för att inrista detta högtidiga tillfälle i stenen av evigheten.
Vem trodde att du skulle lära dig svenska en dag? Du som för inte så länge sedan trodde att man pratar tyska i Sverige. Du som föddes i ett latinskt land och inte var särskilt begåvad när det gällde språkkurser. Du som inte såg någon annan horisont än att röka marijuana med dina kompisar och stanna på stränderna i Baskien. Det är ett tag sedan den tiden nu och jag skulle vilja gratulera dig för allt du har gjort hittills.
Det var inte lätt med du har klarat det. Du var inte tvungen att åka så långt bort från ditt land och din familj, till skillnad från vissa som har tvingats att fly från kriget och till vilka jag sänder en medkännande tanke idag. Nej, du är en jättelycklig människa därför att anledningen som förde dig hit var kärlek. Men även det var inte så enkelt. Du fick kämpa för det när ingen trodde att det skulle fungera. Du kom hit helt ensam med en dröm om att du skulle få vad du ville och du fick det, med tålamod och utthållighet. Och kärlek var allting för dig men sedan insåg du att det var bara det första steget i detta stora aventyr. Inget jobb, ingen kunskap om det svenska språket, inga kontakter. Bara en stark önskan för att få det. Och nu är du anställd även om det inte är det perfekta jobbet. Du kan svenska även om det fortfarande kan utvecklas mycket mer. Du har också kompisar som uppskattar ditt sällskap även om du ibland känner dig isolerad. Stort grattis för det.
Men allt du har gjort hittills betyder inte att allting är klart. Det är dags för riktiga ansträngningar. Det är tid att blanda dig i samhället och söka efter nya möjligheter tack vare dina nya kommunikationsförmågor. Nu är själva förlossningen, resten var bara förberedelse. Jag vet att det kan verka otacksamt att göra två gånger mer än de andra för att få hälften tillbaka. Men kom ihåg det kinesiska ordspråket som påminner att: ”när man har tio steg att göra är nio bara hälften.” Nu är det inte rätt tillfälle att ge upp, tvärtom.
Jag vet att du har alla potentialen för att bli vad du vill, där du vill. Förlora inte hoppet. Låt aldrig gå bort från ljuset som ledde dig hit och som ska guida dig genom mörkret i hela ditt liv. Glöm inte att jag är stolt över dig, även om jag inte säger det så ofta och fortsätt gå vidare som du gör utan att tvivla på dig själv."
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